LE PAIEMENT DIRECT
Suivant jugement du Juge aux affaires familiales, Monsieur X a été condamné à son ex-épouse, Madame Y, au paiement d’une pension alimentaire d’un montant de 150 euros par mois et par enfant.
Or, Monsieur X, ne verse pas la pension à Madame Y, un arriéré de pension se constitue.
Quels sont les moyens de droit ouverts à Madame Y pour obtenir le paiement de la pension mais aussi des arriérés ? Quelles en sont les modalités ?
Seul un commissaire de justice (anciennement Huissier de justice) de votre domicile peut mettre en place une procédure de paiement direct qui consiste à demander à l’employeur du débiteur de pension alimentaire, ou tout autre tiers saisi, d’adresser mensuellement au créancier le montant de la pension.
Deux conditions sont nécessaires pour envisager la mise en place d’un paiement direct de pension alimentaire:
Il convient de justifier d’une part, d'une décision de justice (en original, appelée la grosse), d’autre part, d’un défaut de paiement ou paiement irrégulier de la pension.
La procédure de paiement direct permettra d'obtenir le versement régulier de la pension pour les mois à venir, en rattrapant les arriérés de pension.
S'il existe un arriéré de versement, l’huissier ne peut réclamer que les 6 dernières mensualités via cette procédure. Cet arriéré sera fractionné en 6 portions égales, chacune venant s'ajouter à la pension mensuelle durant les 6 mois à venir.
Pour le surplus, il convient d’engager une procédure d’exécution forcée classique.
Les frais de cette procédure sont à la charge du débiteur de la pension. Ils sont réglés directement par l'employeur du débiteur d’aliment. L'Huissier n’a pas à solliciter le versement d'une provision pour engager cette procédure.
Les pièces à confier pour mettre en place une procédure de paiement direct sont les suivantes, si une pièce s’avère manquante, la procédure ne peut être lancée :
1. L’original du jugement relatif à la pension alimentaire appelée « Grosse » (qu’il convient de demander à l’Avocat qui a plaidé le dossier ou au greffe du Tribunal ayant rendu la décision)
2. L'état civil complet du demandeur (le créancier d’aliment)
3. Le signalement du débiteur d’aliment
4. Les coordonnées exactes de l’employeur du débiteur d’aliment.
5. Un décompte des sommes qui sont dues, (arriéré limité à 6 mois)
6. Le RIB du créancier d’aliment.
7. Une lettre de demande mandatant l’étude pour lancer la procédure de paiement direct
(Courrier daté et signé de la main du créancier d’aliment)
8. le second original de la signification de la décision de justice.
La procédure:
L'Huissier adresse une demande à l'employeur. Il l'invite à prélever sur le salaire du débiteur la pension alimentaire. Chaque mois, lors du versement du salaire, le tiers (en principe l'employeur) tenu de verser le montant de la pension, plus l’arriéré.
Le tiers débiteur accuse réception à l'huissier de la demande de paiement direct dans les 8 jours suivant la notification, en précisant s'il est ou non en mesure d'y donner suite.
Lorsqu'il notifie la demande de paiement direct au tiers débiteur, l'huissier en avise simultanément le débiteur d’aliment par lettre recommandée et sa cliente par lettre simple.
Les frais de procédure sont à la charge de celui du débiteur d’aliment et sont versés directement par son employeur.
Fin de la procédure:
La demande de paiement direct cesse de produire effet si l'huissier du créancier en notifie au tiers la mainlevée par lettre recommandée. La main levée ne peut être effectuée que si le créancier en a fait la demande à l’huissier qui a la charge du paiement direct.
La demande de paiement direct peut aussi prendre fin à la demande du débiteur, s’il justifie d’un certificat délivré par un huissier prouvant qu'un nouveau jugement a supprimé la pension alimentaire ou constatant que la pension a cessé d'être due.
Contestation
La procédure de paiement direct des pensions alimentaires peut être contestée devant le Tribunal Judiciaire du domicile du débiteur de la pension.
Sanction possible à l'encontre du créancier :
Le créancier qui, de mauvaise foi, aura fait usage de la procédure de paiement direct peut être condamné par le Tribunal Judiciaire à une amende civile allant de 15 € à 1 500 €.